Bonjour,
Ça fait maintenant plusieurs jours que je n’ai pas publié d’article sur le blog. J’ai longuement hésité sur le type de publication que j’avais envie de rédiger & de partager. Entre effusion & pudeur, entre excitation & peur… bref, je me lance !
À l’origine, (Les) Parenthèses (de Carole) est le titre d’un « roman » que j’ai commencé à écrire il y a quelques mois… Ce texte est le fruit de mon attrait inexplicable pour l’écriture & d’un besoin indéfinissable de coucher sur le papier une période de ma vie, de retranscrire par écrit toutes ces choses qui m’animent dans le but de tenter de me définir, de me connecter à ce « moi » qui ne demande qu’à s’exprimer mais qui trop souvent se tait parce que je ne l’écoute pas, parce que, dans le brouhaha du quotidien, je ne l’entends pas… J’ai voulu également dans ce texte imaginer quelle femme je serais aujourd’hui si j’avais eu – à un moment bien précis de ma vie – un temps pour moi… Serais-je si différente ?
En 2011, j’ai quitté mon cocon familial dans lequel je ne me reconnaissais plus ; certaines rencontres sont des révélateurs de vous-même, des prises de conscience, des réveils ! Puis : déménagements, divorce, nouvelle histoire, passionnelle, nouvelle vie dans laquelle je suis devenue la compagne d’un homme qui a bouleversé ma vision des choses, auprès duquel je suis devenue la belle maman de deux jeunes filles & l’heureuse maman de deux merveilles petites filles ! Un nouveau quotidien durant lequel j’ai continué, terminé, soutenu ma thèse & je suis devenue docteur. Tout cela en sept ans, quelle trentaine ! Bouleversante, inattendue, éprouvante, merveilleuse ! Tout s’est enchaîné tellement fort, tellement vite, que parfois j’ai manqué d’air, que parfois, encore, je manque d’air… L’écriture est une respiration ! Un moment de pause durant lequel la course effrénée du temps s’arrête, l’espace d’une parenthèse.
Il y a quelques semaines, j’ai entrepris la création de ce blog pour écrire, pour partager & ça me plaît ! Pour autant, je me rends compte à quel point je reste dans la retenue… Alors j’ai décidé de sortir de ma zone de confort & de vous livrer ici les premières lignes de ce « roman ». Je ne sais pas si j’en continuerai l’écriture… mais, au moins, je l’aurais partagé le temps d’un article. Vous y retrouverez des éléments du blog… À mi-chemin entre fiction & autobiographie, entre réalité & fantasme, ceux qui me connaissent sauront faire la part des choses…
Pour la petite histoire & pour situer le propos, le début de ce roman commence par la fin de ma thèse, comme une continuité… Bonne lecture !
Parenthèses
« Quand le visiteur pénètre dans l’édifice florentin, il est projeté au Cinquecento. Tel qu’il nous apparaît aujourd’hui, le Palazzo Vecchio est, à quelques détails près, le même que celui dans lequel François Ier et Giorgio Vasari cheminent dans I Ragionamenti. Ainsi le souhait de Vasari s’est-il concrétisé ; comme si son projet de fixer, d’ancrer, pour sauver de l’oubli avait opéré. Car le système d’images mnémoniques est toujours présent. Un visiteur avisé peut, en observant les peintures, déclencher le processus de mémoire ; la peinture alors se lève et s’anime, la magie des lieux continue d’opérer. De même, un visiteur attentif continuera de croiser, dans un coin du plafond de la salle des 500 ou aux détours d’une salle, le regard éternel de l’artiste. »
Point final.
Sur cet ultime paragraphe se refermaient sept années de recherches & de découvertes, de lectures & d’analyses, de doute & d’excitation, de bonheur & de déconvenue. Je parcourus rapidement les 45 pages d’annexes & de bibliographies, refermais la couverture, puis caressais du plat de la main le relief du papier cartonné bordeaux qui venait sceller ce travail. Je retournais les 449 pages & examinais la première de couverture. J’avais choisi une photo en noir & blanc repérée dans un ouvrage d’Ugo Muccini dédié au mythique monument florentin : Pittura, scultura e architettura nel Palazzo Vecchio di Firenze. Prise aux pieds de l’Enlèvement des Sabines du sculpteur flamand Giambologna, située dans la Loggia dei Lanzi, la photographie avait pour objet principal la puissante tour d’Arnolfo qui surplombe le Palazzo Vecchio.
Sur la couverture, en sus de la longue & interminable liste des renseignements officiels (nom de l’université, de la faculté, de l’École Doctorale, du laboratoire, de la composition du jury), mes nom & prénom ainsi que la date de la soutenance encadraient le titre de la thèse.
Plusieurs mois que je n’avais pas tourné ces pages, que je n’avais pas relu ce travail qui m’avait apporté son lot de satisfaction, de fierté, celles d’aller au bout d’un projet, de moments privilégiés, notamment lors de l’écriture, lors de ces rendez-vous avec la page blanche, rendez-vous intimes, excitants, grisants où tout est encore possible, mais aussi de parenthèses enchantées comme ces escapades toscanes, comme cette lettre de Michel-Ange, comme cette vue imprenable sur Florence… Dans un même temps, ce travail m’avait laissé un goût amer, celui d’un sentiment d’inachevé auquel venait se mêler l’inachèvement d’une autre histoire. Je finis mon verre de vin blanc. Un château Landué dont le vignoble s’étendait non loin d’ici.
J’écoutais les paroles de la chanson « Felling Good » reprise & interprétée par Michael Bublé :
Birds flying high you know how I feel
Sun in the sky you know how I feel
Reeds driftin’ on by you know how I feel
It’s a new dawn,
It’s a new day,
It’s a new life
For me
And I’m feeling good
Moi aussi, je me sentais bien ! Délicieusement bien ! Après des mois de hauts & de bas, je savourais enfin cet état de bien être tant désiré, tant attendu, tant recherché… J’avais travaillé dur pour ça.
La vue était très agréable. Sur la droite, un joli jardin, des toits, un oranger, le bleu du ciel ; un décor charmant enveloppé dans la douceur de ce mois de juin. Sur la gauche, mon appartement se dessinait à travers le mouvement des rideaux en lin blanc qui oscillaient au gré du vent qui s’engouffrait par la baie vitrée. Une année que j’y avais posé mes valises… J’avais quitté mon ancienne vie en emportant bien peu de choses. Si au début cela m’avait paru difficile, j’étais à présent satisfaite & soulagée d’être entourée de choses nouvelles, acquises au fur & à mesure. J’avais choisi chaque meuble, chaque objet, chaque élément de cet appartement comme un prolongement de moi-même. Même ce que j’avais ramené du passé avait été peu à peu remplacé par une nouveauté.
Après avoir investi durant quelques mois le canapé du salon de ma mère, j’avais emménagé dans ce petit appartement situé non loin de chez elle. Un joli deux pièces nichés sous les toits, au deuxième & dernier étage d’une maison de village. Après avoir refermé la lourde & ancienne porte en bois qui me séparait de la rue, je devais gravir deux étages aux marches hautes & étroites, couvertes de tommettes en terre cuite, typiques du style provençal. Parvenu au terme de cette ascension, qui pouvait se révéler éprouvante les jours de courses, la porte d’entrée de l’appartement ouvrait sur une pièce à vivre, claire, dont la luminosité était renforcée par un sol & des murs blancs. Cette lumière filtrait essentiellement par la baie vitrée qui donnait accès à une charmante petite terrasse sur laquelle je me trouvais.
J’observais à la fois attentivement & avec beaucoup de recul mon intérieur. Au premier plan, quatre chaises en fer forgé encadraient une table en bois de forme carrée ornée la plupart de temps de fleurs fraîches que j’achetais chez un producteur voisin. Un peu plus loin, le salon, composé d’un vieux canapé en cuir, d’un fauteuil club ; au centre, un tapis & une table basse improvisée, formée de livres & de rallonges. Sur la droite, une petite cuisine pourvue du strict nécessaire. Plus loin, un escalier, dont chacune des marches étaient jonchées de livres, menait à une petite mezzanine sur laquelle j’avais aménagé mon bureau. J’y avais passé mes soirées, ainsi qu’une partie de mes nuits, à écrire ma thèse. Enfin, une marche & une petite ouverture conduisaient à ma chambre, mansardée, à laquelle était adjointe une petite salle d’eau, dont la fenêtre de toit me donnait un accès direct aux étoiles ! C’est dans ce petit cocon que j’avais décidé d’édifier ma nouvelle vie que je voulais ordonnée, élégante, raffinée & sereine. Après la tempête qui avait bouleversé & balayé ma vie, j’aspirais à de la sérénité. Au niveau décoration, j’avais opté pour des couleurs claires & des matières naturelles ; comme une page blanche sur laquelle apposer les mots de cette nouvelle vie. Une décoration axée sur la simplicité ; une simplicité que j’avais toujours affectionné d’autant plus depuis la découverte d’un de mes livres de chevet : L’art de la simplicité de Dominique Loreau, une française installée au Japon ! Même si je me sentais assez éloignée de cette culture en faveur d’une culture méditerranéenne, ce texte résonnait en moi & m’aider un peu plus chaque jour dans ma quête de raffinement, d’élégance.
Enroulée dans mon poncho noir, je m’efforçais de savourer pleinement l’instant présent. Cela m’avait pris des mois ! Seuls ceux qui ont emprunté le chemin du développement personnel savent combien il est long & difficile, jonché de remises en question. Toutefois, même si j’avais pris conscience que mettre de l’ordre dans ma vie ne parviendrait pas à circonscrire, à maîtriser le mouvement incessant de celle-ci, cette sensation de clarté, de calme, me permettait de profiter pleinement, intensément de la vie & de ses surprises. Cet environnement clair, net, rassurant, m’offrait la possibilité d’accueillir la nouveauté tranquillement & sereinement !
J’avais appliqué cette philosophie à mon intérieur mais également à moi-même. Ainsi chaque parcelle de mon corps avait été chouchoutée : manucure, pédicure, massages, soins, … De la tête aux pieds ! J’avais compris l’importance de ce corps que j’entretenais également par la pratique du yoga, du pilates & de la méditation.
J’étais donc enfin parvenu à une forme de bien-être, d’équilibre. J’avais acquis une certaine maîtrise de mon quotidien, j’étais prête à passer à une nouvelle étape, un nouveau challenge ! J’ambitionnais à présent de savoir qui j’étais, ce qui me définissait ! Deux éléments me vinrent spontanément à l’esprit : l’écriture & l’Italie ! Tandis que l’écriture me nourrissait, l’Italie m’illuminait !
À suivre…
Carole
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Comme tu fais bien ma Carole de te livrer ainsi sur les passions qui t’animent. Je regardais hier les magnifiques photos de Stephen Hette et lorsqu’il dit : « je suis heureux d’être hanté par les choses jolies » j’ai pensé à toi, ton goût du beau, du raffiné, du simple, du naturel … En partageant tes parenthèses tu nous autorises à entrer dans un univers où chaque mot, chaque détail mérite une attention particulière et j’adore ça ! Merci d’ouvrir ta porte et de nous laisser monter les escaliers vers le nid de tes pensées, de tes passions et pour cet opus, de ta vie. Hâte de lire la suite !
bravo Carole felicitation de te livrer a ta passion ne jamais se décourager et garder espoir bises
felicitation Carole beaucoup de choses enfuie il faut vivre de sa passion plein d encouragement bises