Cela fait un moment déjà que je réfléchis à dynamiser & à singulariser les publications liées à ces fragments de thèse que je partage ici depuis le début de cette aventure. Je suis allée puiser dans ce qui me plaît : une image, une typographie, une couleur intemporelle & un motif que j’adore ! J’espère que vous apprécierez & que cela vous donnera envie de me suivre dans ces parenthèses culturelles.
Rendre ces articles les plus attractifs possible de manière à vous donner l’envie de pousser les portes du Palazzo Vecchio de Florence, de me suivre dans l’histoire & le récit de cet édifice est quelque chose qui me tient à cœur. Pourquoi ?
Parce que j’ai toujours pensé ce travail de thèse comme un outil qui permettrait à ceux qui voudraient bien le lire d’arpenter les salles du Palazzo Vecchio en connaissant son histoire, d’observer les fresques de Giorgio Vasari en disposant des clefs de lecture, de comprendre ce qui se joue derrière l’agencement des quartiers, de tenter de s’approcher au plus près du message de l’artiste.
D’autre part, depuis les premiers articles, je suis animée par le fait de mettre en lumière certains passages de cet ouvrage à la faveur de situations actuelles. Cette fois, j’aimerais aborder la devise « Festina tarde » ou « Festina lente » à travers la fresque de Giorgio Vasari, Les Primeurs de la terre offertes à Saturne, qui orne un des murs de la Salle des Éléments du Palazzo Vecchio. Cette peinture réunit deux des principaux emblèmes du duc Cosme Ier de Médicis : le capricorne, sur lequel je me suis déjà attardée [ici], & la tortue et la voile.
Dans I Ragionamenti, Giorgio Vasari, l’artiste, énonce :
« G (Giorgio Vasari) – […] Cette grande femme qui jaillit de la mer, nue jusqu’à la taille, avec ses cheveux en désordre qui volent sur son visage, dont la main gauche tient cette grande voile et l’autre cette tortue de mer démesurée, savez-vous qui c’est.
P (Francesco I° dei Medici) – Je ne la connais pas, mais dites-moi qui c’est.
G – Elle représente la fortune de Son Excellence. Pour obéir à Saturne, sa planète, elle lui présente la voile et la tortue qui sont l’emblème de Son Excellence. Elle veut démontrer que le duc notre Seigneur avec sa maturité d’esprit et une démarche favorable et prospère, est parvenu sur le rivage de cette mer de difficultés, et c’est avec bonheur qu’il a procuré une heureuse fin à toutes ses initiatives. Aussi cette offrande à Saturne prouve simplement qu’il recommande sa notoriété à l’immortalité du temps. »
Ceci est un infime extrait & il y aurait tellement de choses à dire…. Mais je vais essayer de me départir de ce besoin d’embrasser l’exhaustivité du propos & finalement de proposer ici ce qui n’a pas d’autre ambition que celle d’être un « fragment de thèse » en me concentrant sur cette représentation féminine qui émerge à la base de la fresque & présente cette voile & cette tortue immenses.
La tortue, symbole de lenteur, de prudence, de sagesse est associée à la voile, image de mouvement & de vitesse. Cosme Ier reprend ici l’adage latin « Festina lente » ou « Festina tarde » qui signifie « Hâte toi lentement » & induit une forme de maîtrise sur le temps. Ce temps… après lequel, dans nos vies surchargées, nous courons sans cesse ! A tel point que parfois nous perdons le sens !
Je vous l’ai dit, j’aime relire ces pages à la lueur de mes préoccupations, j’aime regarder ces fresques à travers le prisme de mes réflexions. Alors, en ce jeudi 3 mars 2022, que m’inspire cet emblème, que me murmure cet adage ?
Cette devise me souffle d’agir sans pression mais avec intention. Elle m’encourage à garder le cap, à être patiente, à faire confiance. Elle m’invite à m’arrimer fermement à mes intuitions, à manifester mes évidences.
Me hâter lentement… afin de savourer & apprécier chaque étape, chaque avancée… Me hâter lentement vers ma réalisation en faisant un pas après l’autre, en posant une pierre au dessus des autres pour bâtir & édifier un projet très personnel… Me hâter lentement avec sagesse & bienveillance, en m’allégeant un peu de cette exigence qui me constitue, m’anime & en même temps me freine… Me hâter lentement d’être chaque jour un peu plus moi-même…
Carole
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