Parenthèse à… Florence. Un séjour intime & authentique.


PARENTHESE A... / samedi, juillet 30th, 2022

Quelques jours à Florence, dans cette ville qui occupe une place à part dans ma vie. Pour cet article, pas de récit chronologique mais un focus sur quelques composantes qui restituent la teneur de cette parenthèse authentique, loin des grands hits florentins, résolument tournée vers la nature, ponctuée d’adresses comme de moments feutrés & intimes.

Un hébergement : Une demeure toscane.

Certains considèrent l’hébergement comme un simple endroit où dormir. Pour moi, le choix de la villégiature détermine le sens, la direction que je souhaite insuffler à notre séjour. J’ai aimé la plupart de nos appartements florentins ; ceux situés Porta Romana qui m’immergent & me plongent au cœur de la vie florentine, ceux nichés dans le centre historique qui me rapprochent intimement de ces monuments dont la beauté me transcende, ceux davantage retirés & dont les ouvertures révèlent les paysages vallonnés, ondulés & intemporels de la campagne toscane. Pour cette escapade, nous avions tout d’abord opté pour un appartement situé dans le quartier de Santa Maria Novella. Je me voyais déjà visiter à nouveau cette magnifique basilique, admirer la vue depuis la terrasse du Grand Hôtel Minerva ou encore faire des emplettes à l’Officina Profumo Farmaceutica di Santa Maria Novella mais, nous avons dû modifier nos dates de vacances & le logement n’était plus disponible. Changement de décor. Nous avons finalement séjourné dans une maison « posée » sur la colline d’Arcetri, dans le Quartier du Pian dei Giullari. Un enchantement. Une demeure toscane à l’entrée majestueuse, à la façade au jaune patiné par le temps, à la porte & aux volets verts, aux plafonds à caissons, au sol en terre cuite & aux fenêtres immenses ouvrant sur un jardin insoupçonné, presque caché.

Une vue : Un jardin.

Lorsque je pars à Florence, il y a toujours une vue qui m’interpelle plus que les autres, qui se fixe dans ma mémoire & autour de laquelle se construit & se cristallise toute la parenthèse. Chaque jour, j’ai admiré, à travers les imposantes ouvertures de la cuisine comme de la chambre, le jardin magnifique de cette demeure auquel nous n’avions malheureusement pas accès. Comme un condensé de tout ce que j’aime en Toscane : des citronniers en pot, de vieux murs – aux couleurs joliment usées – surmontés de vases en terre cuite, des portails en fer forgé, des hortensias, au centre un plumbago au bleu incomparable, de la vigne recouverte de grappes de raisins dégringolant de la pergola & une vue incroyable sur la campagne toscane, ses oliviers, ses cyprès, ses pins parasols, ses hameaux. Un véritable tableau, presque un chef d’œuvre, qui évolue subtilement au gré de la lumière & dont les couleurs se nuancent selon que le jour se lève, que le soleil se couche ou que la pleine lune de cette mi-juillet illumine la nuit florentine. Un jardin, tel un petit paradis terrestre, où je me suis imaginée contempler la vue par delà le muret, m’asseoir sur un des bancs pour feuilleter un livre… où je me suis imaginée dresser une jolie table & savourer une douce soirée sous le ciel étoilé…

Un restaurant : Omero.

Lors de notre séjour à Monteripaldi en 2019, notre hôte nous avait conseillé la Trattoria Omero. Nous y avions passé une délicieuse soirée. Située à seulement quelques minutes à pied de notre lieu de résidence, nous avons renouvelé l’expérience & ce fut absolument magique. Loin du centre historique & des rooftop aux vues spectaculaires, la Trattoria Omero se trouve au 47 via del Pian dei Giullari, dans une petite rue pavée, juste en face de la Villa il Gioiello, là où Galilée fut assigné à résidence après sa condamnation en 1633. L’accès au restaurant se fait via la pizzicheria qui regorge de produits toscans. La salle est simple mais élégante & à la belle saison les tables sont dressées sur la terrasse qui offre une vue sublime sur la campagne toscane. Une fois de plus, nous avons succombé à la fameuse Bistecca alla fiorentina accompagnée de verdure di stagione fritte, mon péché très très mignon : des aubergines & des courgettes divinement fondantes & des fleurs de courgettes diablement croustillantes tout cela arrosé d’un délicieux vin rouge dont j’ai oublié le nom mais dont la rondeur se confondait à merveille avec la douceur de cette soirée d’été. Que vous dire de plus, que le service est parfait, que l’ambiance est charmante & que la parenthèse est à chaque fois inoubliable. Le genre d’endroit où le temps s’arrête &… vous l’aurez compris… où le présent a tout à coup un goût d’éternité.

Une couleur : Le doré.

Jeudi 14 juillet, il est presque midi lorsque nous prenons la sortie Firenze/Impruneta. Le soleil est au zénith & je suis happée par les paysages de la campagne toscane qui commencent à défiler aux abords de la route. Je suis déjà venue à Florence durant la saison estivale. Je me souviens de notre premier week-end en amoureux (un 14 juillet aussi) & d’une escapade au mois d’août où nous avons cru suffoquer sous un soleil torride lors d’une promenade dans les jardins de Boboli mais – peut-être est-ce dû à l’extrême vague de chaleur qui déferle sur nous en ce moment – je ne me rappelais pas à quel point l’herbe sèche se pare de teintes dorées… conférant ainsi au paysage toscan une aura toute particulière. Une couleur divine qui m’a rappelé les auréoles des saints des peintres primitifs italiens. Un fond d’or sur lequel se dessinent les différentes nuances de vert – le vert argenté des oliviers, le vert profond des cyprès, le vert vibrant des pins parasols – & se détache le bleu de l’azur de chaudes journées d’été.

Une visite : La Casa Vasari.

Des années que la visite de la Casa Vasari de Florence est épinglée à la liste de mes envies florentines. Une adresse confidentielle. À l’extérieur du bâtiment, pas de plaque indiquant la maison de l’artiste. Le lieu est privé. Seule la Sala Grande située au premier étage – il piano nobile – se visite sous la houlette du Musée Horne. Samedi 16 juillet, 10 heures, nous nous faufilons dans la petite rue Borgo Santa Croce où nous rejoignons notre groupe & notre guide, Emma. Nous gagnons le premier étage & lorsque je pénètre dans la Sala Grande, l’émotion me prend & m’étreint. Les larmes affleurent, l’estomac se serre… Je connais bien cette émotion, c’est la même qui me saisit lorsque j’entre dans le Palazzo Vecchio. Elle est le signe que je m’apprête à vivre un moment exceptionnel, hors du temps & de l’ordinaire, une parenthèse intime… Je suis « chez Giorgio Vasari ». Dans la maison que Cosme Ier de Médicis lui offrit en 1561. Dans la pièce qu’il décora avec l’aide de ses collaborateurs en 1572. Cette vaste salle de 55 mètres carrés présente les allégories de la Sculpture, de la Poésie, de la Musique, de l’Architecture & de la Peinture, les histoires de grands artistes de l’Antiquité tels Appelle & Zeuxis & treize portraits d’artistes – Cimabue, Giotto, Donatello, Brunelleschi, Masaccio, Raphaël, Michel-Ange, Léonard de Vinci, Andrea del Sarto, Perugino, Giulio Romano, Rosso Fiorentino & Francesco Salviati – peints dans la frise supérieure qui symbolisent à l’instar des Vite, les trois phases de l’évolution de l’art : le réveil, la jeunesse, la maturité. Les couleurs sont éblouissantes ! Du vert, du jaune, du rose qui avaient quasiment disparu sous des nappes de fumée & de poussière & qui ont retrouvé leur éclat grâce à une restauration exécutée entre 2009 & 2011. De même qu’au Palazzo Vecchio, Vasari ne réalise pas seulement des peintures, il déploie une fresque au sens littéral mais aussi historique du terme. Des fresques qui racontent l’histoire de l’art, relatent la primauté du dessin & suggèrent, à mon sens, la thématique de la mémoire & la volonté vasarienne d’immortaliser la perfection à la fois fragile & éphémère de son temps en le confiant à la déesse Mnémosyne.

Un moment : Seule.

À chaque parenthèse florentine, j’essaie de m’échapper seule, ne serait-ce que quelques minutes. Pour aller faire quelques emplettes, pour aller saluer l’équipe d’Ali di Firenze, pour m’accouder à un de ces murets en pierre que j’aime tant & admirer le paysage. Quelques instants pour respirer pleinement & ressentir profondément ce lien si personnel & si précieux qui me lit à cette ville qui ne cesse de m’émouvoir par sa beauté, de me séduire par son raffinement, de m’enthousiasmer par sa douceur de vivre ; c’est un ailleurs qui me rapproche à chaque fois un peu plus de celle que je suis & qui fait que, à peine partie, il me tarde déjà de revenir ! 

A presto Firenze !

Carole

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